Notre Charisme

Lorsque, en 1856, Eugénie Smet fonda la Société des Auxiliatrices des Âmes du Purgatoire, communément appelées sœurs Auxiliatrices et dont le nom est traduit dans de multiples langues selon les pays où elles se sont implantées, elle reconnaissait dans le Purgatoire le mystère d’une expérience radicale de l’amour. C’est à partir de cette intuition spirituelle profonde qu’elle a invité ses Sœurs à répondre en priorité aux besoins multiples des plus défavorisés, à « accompagner par la prière, l’action, la communion dans l’épreuve »* et l’espérance, celles et ceux qui avaient le plus besoin de justice et de compassion. Sa charité envers les âmes souffrantes était intimement liée à l’apostolat le plus concret et le plus universel.
L’héritage de Marie de la Providence et la tradition spirituelle reçue depuis 1856 sont aujourd’hui pour nous d’une importance décisive, car ils guident notre fidélité et fondent notre unité.
Avec le Christ qui traverse la mort, nous, Auxiliatrices, voulons nous rendre présentes auprès des personnes qui vivent des passages difficiles.
L’intuition spirituelle propre à l’Institut comporte un engagement apostolique dont les formes, depuis les origines, n’ont cessé de se diversifier. Nous nous efforçons de répondre, par notre présence et par des activités spirituelles, médico-sociales ou éducatives, aux besoins de ceux qui souffrent dans leur corps ou sont atteints dans leur dignité humaine*, tout en annonçant l’Évangile.

Les Auxiliatrices cherchent à être présentes auprès de ceux qui sont oubliés ou en recherche de sens. Nous partageons les joies, les espoirs et les peines de ceux vers qui nous sommes envoyées. Nos Sœurs veulent tisser du lien et prendre soin, aider à humaniser et à faire grandir. En s’appuyant sur la spiritualité ignatienne, nous accompagnons les hommes et les femmes sur leur chemin de vie, en les aidant à trouver leur route et à déployer les forces qui sont en eux.
Cela nous conduit sur des terrains très divers : éducation, santé, travail social, aide aux réfugiés, aumôneries d’hôpital et de prison, catéchuménat, centres spirituels, pastorale des jeunes… Les horizons sont larges pour « aider à tout bien quel qu’il soit », selon la formule de notre fondatrice !

L’humanité est cause et objet de souffrances, mais nous croyons Dieu présent au cœur des situations douloureuses, même s’il paraît se cacher pendant les nuits d’épreuve. C’est le Dieu du Samedi Saint, qui est avec chacun dans ces temps d’attente. Sa présence agissante est révélée comme une espérance donnée à toutes et à tous. En acceptant de nous laisser transformer par celles et ceux auprès desquels nous sommes envoyées, nous reconnaissons que c’est Dieu qui fait le travail.

Pour Marie de la Providence, femme du XIXème siècle, les âmes du Purgatoire sont les plus perdues, les oubliées, celles qui sont en attente de la rencontre de Dieu. Pour nous, Auxiliatrices d’aujourd’hui, les âmes du Purgatoire, ce sont des morts, mais aussi des vivants. Nous croyons que l’amour de Dieu est un feu qui nous libère mystérieusement, qui transforme et purifie, qui nous met en communion les uns avec les autres, par-delà toutes les frontières, même celles de la mort. Les Auxiliatrices veulent accueillir cet amour au plus profond d’elles-mêmes, et aussi servir ce travail de l’amour, en particulier auprès des plus petits, de ceux qui souffrent, de ceux qui sont aux frontières, de ceux qui cherchent un sens à leur vie.

Dès son enfance, Eugénie Smet témoigne d’une confiance dans la Providence à travers les événements de sa vie. Pour dire sa relation à Dieu Providence, Eugénie Smet parle d’alliance. L’idée lui vient de « faire alliance avec la Providence ». Devenue adulte, elle comprend que faire confiance à la Providence, c’est devenir soi-même « providence de la Providence ». Cela signifie pour elle s’engager activement.
Cette confiance dans la Providence nous place au cœur du mystère chrétien. Le signe par excellence de la Providence de Dieu, c’est Jésus-Christ. En lui Dieu s’est engagé et ne cesse de s’engager dans l’histoire humaine. En lui Dieu fait alliance avec les hommes et nous reconnaissons que nous sommes l’objet de sa tendresse. Nous interprétons sa présence infiniment discrète aux « signes » que nous lisons dans nos vies comme dans l’histoire du monde.
S’engager dans l’action à la suite du Christ avec la force et le courage de la détermination, et dans l’action, vivre de l’abandon à Dieu qui pourvoira toujours, voilà la juste attitude qui permet de ne pas tomber dans un activisme éperdu, comme dans un optimisme insouciant.

Les « Saints » sont ceux qui cherchent Dieu. Tous les chrétiens sont sanctifiés par le baptême et appelés à la sainteté. Croire dans la Communion des Saints, c’est croire dans la solidarité qui existe entre les croyants : tout ce que chacun vit, partage de bon, dans et pour le Christ, contribue au bien de tous. Autrement dit, le moindre acte de charité que chacun accomplit sur Terre, même dans le secret, rejaillit sur tous. Croire à la Communion des Saints, c’est croire à la communication de l’amour : celui qui aime donne et communique ce qu’il a à celui qu’il aime et réciproquement. C’est la solidarité entre les vivants et les morts.

Jésus-Christ est le centre de notre vie d’Auxiliatrices des Âmes du Purgatoire. Le fondement de notre spiritualité est la spiritualité ignatienne. En elle, Marie de la Providence a découvert le désir d’agir pour une plus grande gloire de Dieu et les fondements d’une vie religieuse dans le monde. Nous sommes invitées à suivre le Christ dans son amour pour l’humanité, à chercher Dieu en toute chose et à « aider les hommes et les femmes à atteindre le but de leur création ». La formation, le discernement personnel et communautaire, l’accompagnement et la prière aident les Auxiliatrices dans leur marche.