« Rien n’est plus commode que de trouver Dieu, que de tomber amoureux de manière absolue et définitive. » (Pedro Arrupe, S.J.).
Être Sœur, c’est aussi prendre le temps de relire son engagement, pour nous aider à cheminer et à toujours mieux accueillir le Christ dans notre cœur.
C’est l’exercice qu’a fait une de nos Sœurs en relisant son parcours d’Auxiliatrice à partir d’une citation de Pedro Arrupe et de son expérience d’accompagnement comme psychothérapeute professionnelle. Voici un extrait de sa réflexion :
« Rien n’est plus commode que de trouver Dieu, que de tomber amoureux de manière absolue et définitive. Il décidera de ce qui vous fera sortir du lit le matin, de ce que vous ferez de vos soirées, de la façon dont vous passerez vos week-ends, de ce que vous lirez, de qui vous connaîtrez, de ce qui vous brisera le cœur et de ce qui vous émerveillera de joie et de gratitude. Tombez amoureux, restez amoureux, et cela décidera de tout. « (Pedro Arrupe, S.J.)
Mes années de vie religieuse m’ont donné l’occasion de voir cette citation vécue de manière concrète. J’ai été témoin de la générosité motivée des Sœurs de ma communauté locale, de ma province, des Auxiliatrices du monde entier. J’ai vu des Sœurs aller vers des personnes rejetées par d’autres, passer du temps avec les sans-abris et les démunis, accueillir ceux qui étaient différents d’elles-mêmes. Je les ai vues aller courageusement vers ceux que d’autres éviteraient par peur et par dégoût. Je les ai vues protester, s’exprimer et j’ai été inspirée par ce que j’ai vu.
Le fait de vivre avec des femmes comme elles m’a permis d’élargir mon regard. J’ai reçu de nouvelles lunettes lors de nombreuses conversations autour de la table, lors de réunions de week-end. J’ai écouté et j’ai appris que nous n’étions pas seules dans nos élans de compassion et de service en tant que manière d’être au monde. J’ai compris plus profondément que les religieux n’avaient pas la mainmise sur le marché de la générosité, du service, de l’esprit de prière, de la spiritualité ou du désir d’union avec Dieu. J’ai souvent été émerveillée, avec joie et gratitude, par les vies héroïques de compagnons très ordinaires.
Et, oui, j’ai aussi appris que nous pouvions nous blesser les uns les autres, parfois très profondément. Et qu’il nous faut parfois beaucoup de temps pour guérir. J’ai appris à connaître mes Sœurs comme des femmes qui savent qu’elles ont besoin d’être pardonnées et aussi comme des femmes qui ont besoin d’offrir librement leur pardon aux autres. J’ai connu les deux côtés de cette expérience. Et j’ai compris que notre Dieu d’amour a une façon de nous trouver quand nous nous cachons, quand nous nous perdons et quand nous essayons d’éviter notre propre douleur.
Heureusement, j’ai pu compter sur de formidables compagnons de route – d’autres Auxiliatrices, mais aussi des amis dans d’autres congrégations religieuses, des prêtres, des femmes laïques, des familles, des mentors compréhensifs, d’excellents directeurs spirituels, des thérapeutes compétents et quelques bons amis à chaque étape. En regardant en arrière, je sais que l’amour de Dieu m’a accompagnée. Je me souviens d’avoir entendu un jésuite dire que nous ne devenons pas facilement des personnes compatissantes. Cela est martelé en nous par les meurtrissures et les coups qui nous sont portés au fur et à mesure que nous grandissons et que nous mûrissons. Oui, père Pedro Arrupe, « tomber amoureux » est facile, « rester amoureux » est incroyablement difficile.